Inutile
de vous faire un rappel de l'épisode précédent, il vous suffit de
regarder l'article ci-dessus.
La
nuit fût bien courte dans l'auberge de Maman Rose. Un des trais de
caractère le plus courant chez les camerounais est cette capacité à
faire du bruit sans avoir peur de gêner son entourage. Vers les 6h
du matin, le chauffeur de bus qui avait garé son véhicule dans la
cour de l'auberge, fit fortement gronder son moteur pendant un bon
moment pour je ne sais quelle raison, probablement pour polluer l'air
trop pure de ce coin perdu. Une fois le bus reparti pour Yaoundé, ce
fût Maman Rose et un quelconque énergumène de passage qui ont
commencé à se disputer sous notre fenêtre. Les camerounais sont
très expressifs et d'ailleurs, peut-être qu'ils ne se disputaient
même pas. Mais quoi qu'il en soit, à une heure trop précoce du
matin, il y eut beaucoup trop de monde à venir exprimer vivement
son point de vue devant notre chambre.
Nous
nous levâmes donc bien tôt mais d'attaque pour ce qui va être une
de nos plus belles aventures humaines.
Après
un bon petit déjeuné, les sacs sur le dos, accompagnés par un
éco-garde, nous nous lançons vers la réserve. On traverse le
village, on marche encore un bon quart d'heure et nous voilà aux
portes de la Réserve du Dja, limitée par le fleuve du même nom.
Des enfants sont là à se baigner tout nu sur les bords du fleuve.
Ça donne envie d'y piquer une tête aussi. Nous traversons le
fleuve en pirogue. Une pirogue creusée dans un tronc d'arbre et dont
le bord ne culmine pas à plus de 20cm de l'eau. Peut-être que nous
allons piquer une tête plus tôt que prévu ! Mais non, la traversé
se passe bien et nous voilà de l'autre côté. Ne nous fions pas aux
apparences, ces pirogues peuvent contenir bien plus que ce que l'on
croit puisqu'après nous, c'est 3 personnes et une moto qui ont
effectué la traversé !
Sur
la rive opposée, nous sommes accueilli pas des nuées de papillons.
Ces derniers vont être nombreux au sein de la réserve et
m'émerveilleront de leurs couleurs et de leurs formes. Les sacs
rechargés sur le dos nous entamons une petite heure de marche en
forêt qui nous mènera dans un autre monde : le camp des pygmées
Baka.
Autour
d'une clairière se dressent neuf huttes faites de branches de bois et
de feuilles d'arbres. Cinq à six feux fument à proximité. Les
habitants sont là, assis devant leur hutte sur des bancs montés
avec des branches. Les pygmées sont vêtus de pagnes en tissus. Les
femmes les accrochent au dessus des seins et les hommes les fixes tel
un short. Les jeunes enfants sont nus pour la plupart. Ils sont tous
nus pieds. Nous les saluons, « Moudjoukoué », et nous
asseyons auprès d'eux pour nous reposer de notre marche. Ils n'ont
pas l'air si petit finalement ces pygmées !
Martial
discute avec eux, prend des nouvelles (les pygmées de cette ethnie
parlent le baka mais beaucoup d'entre eux parlent un peu le
français). Il joue avec un bébé, puis se lève et me met le bébé
sur les genoux. Ok mais c'est à dire que moi les bébés c'est pas
trop mon trip et que je ne sais jamais quoi en faire. Bon, on va
faire semblant, gouzigouzi ect. Alors pour commencer, il me bave
allègrement dessus et pour finir il me fait carrément pipi sur les
jambes ce qui fait bien sûr rire tout le monde ! Martial me fait
donc accompagner d'une jeune femme pour aller à la rivière. C'est
une fois debout, en la suivant, que je me rend compte
qu'effectivement, les pygmées sont sacrément petits ! Derrière
elle j'ai l'impression d'être une géante !
Suite
à cet incident, nous partons pour une marche en forêt. Félix,
devant moi, nous guide (comme partout au Cameroun, les gens ont des
noms très européens, c'était déjà surprenant à Yaoundé, ça
l'est encore plus au milieu de la forêt !). Petit mais costaud, il
marche nus pieds sans problème au milieu de cette jungle. Alors que
nous nous prenons les pieds dans toutes les branches et lianes qui
dépassent, lui il galope ! Quand je me retourne, Julien derrière
moi me paraît immense. On nous conduit jusqu'à un Inselberg, mini
montagne rocheuse au milieu de la forêt d'où nous pouvons observer
la cime des arbres qui l'entourent. Une demi heure de repos bien
mérité sur ce gros cailloux et nous repartons. Le soleil commençant
à être bien bas, le chemin du retour se fait encore plus
rapidement. Nous arrivons au camp à la tombée de la nuit. Après
avoir planté notre tente, nous ne rêvons que d'une chose : un
rivière où aller se tremper après toute cette suée ! Seulement,
le sous-bois commence à être bien sombre. Pas de problème, une
femme nous emmène. Les pygmées m'impressionnaient déjà à marcher
nus pieds mais leur capacité à se déplacer et se repérer dans le
noir au milieu de cette orgie végétale m'impressionne encore plus !
Pauvres européens que nous sommes, nous peinons à la suivre malgré
notre lampe frontale et nos chaussures de marche ! Mais nous
atteignons tout de même la rivière tant espérée. Alors que nous
sommes à moitié à poil, petit moment d'hésitation. La nuit est
noire, la rivière est noire, on ne voit pas à 1m et nous sommes en
plein milieu d'une forêt tropicale africaine. Quelle genre de
bestiole peut bien se cacher par ici ??? Tant pis, l'appel de l'eau
est plus fort que tout et nous nous rafraichissons avec joie. Sur le
chemin du retour, notre guide se perd quand même ! Bon, elle n'a
fait que 5 mètres dans la mauvaise direction et retrouve le chemin
très rapidement...
De
retour au camp, la dernière mission qui nous attend est de nous
cuisiner quelque chose. Devant leur hutte, chaque famille est déjà
en train de cuisiner sur des feux de bois. Pour la cuisine, ils sont
équipés de grosses gamelles et bien sûr de l'outil indispensable
en forêt : la machette. Les pygmées se nourrissent principalement
de la chasse et de manioc sauvage qu'ils ramassent en forêt. Chaque
famille mange ensemble puis les hommes se regroupent d'un côté, le
femmes de l'autre, et remangent entre eux. Quant à nous, on ranime
un feux, on y pose en équilibre une gamelle et c'est parti pour une
plâtrée de riz.
Après
avoir mangé, le soirée se continue par les chants et danses
traditionnels pour nous accueillir. La encore c'est impressionnant.
Un homme fait de la percussion et les femmes font une sorte de chant
polyphonique magnifique (on peut retrouver ces chants sur Encarta et
probablement sur internet). On nous invite à danser avec eux mais la
fatigue de la journée ne nous permet pas de profiter pleinement du
spectacle. Nous ne restons pas jusqu'à la fin et c'est exténués
que nous allons nous coucher dans notre minuscule tente. Cette
dernière s'ouvrant sur le toit, nous nous endormons sous les
étoiles, bercés par les chants des pygmées et de la forêt.
(à
suivre...)